Jack Kirby (28 août 1917 - 6 février 1994), de son vrai nom Jacob Kurtzberg et surnommé the King of Comics (le Roi de la Bande Dessinée), fut un des artistes les plus influents, les plus célèbres et prolifiques de comics.

Avec Stan Lee, il a créé pendant les années 1960 des super-héros qui ont fait la renommée de l'éditeur Marvel, notamment : les Quatre Fantastiques, l'incroyable Hulk, les X-Men. Mais sa carrière s'étalant sur une cinquantaine d'années comprend aussi entre autres une collaboration fructueuse avec Joe Simon et la création du Quatrième Monde.



Premières années
Ses parents sont des immigrés d'Europe centrale aux Etats-Unis d'Amérique. Il passe son enfance à Brooklyn où il partage ses loisirs entre la rue, le cinéma et la lecture de romans d'aventure et de pulps. Il commence sa carrière comme intervalliste au studio d'animation Fleisher. Il aborde ensuite les comic strips par le syndicat Lincoln Features puis les comic books par le studio de Jerry Igel et Will Eisner. Durant ces premières expériences, il a déjà une production pléthorique et multiplie les pseudonymes. Un va rester : Jack Kirby.


Simon & Kirby
Jack Kirby rencontre au début des années 1940 Joe Simon avec qui il va former le duo d'auteurs le plus prolifique et le plus talentueux de l'âge d'or des comics.


Timely
Leur première réussite est la création en 1941 pour Timely, la futur Marvel, du super-héros patriote par excellence Captain America. Pour le même éditeur, ils créeront Young Allies et The Vision.


DC Comics
Forts de leur succès, Simon & Kirby vont chez DC pour créer de nouveaux best-sellers comme The Newsboy Legion, The Boys commandos et une curiosité : une nouvelle version d'un super-héros déjà existant qui sera de nouveau repris cinquante ans plus tard par Neil Gaiman : The Sandman.


L'après-guerre
Jack Kirby et Joe Simon furent tous les deux mobilisés en 1942 pour la Seconde Guerre mondiale. Ils revinrent aux Etats-Unis en 1945 où ils travaillèrent pour l'éditeur Harvey (Stuntman, Boy Explorers). Et surtout ils créèrent leur propre maison d'édition : Prize-Crestwood. Ils s'y libérèrent complètement en créant les premiers comics à l'eau de rose (Young Romance, Young Love, Young Brides), des westerns échevelés (Boy's Ranch, Bullseye), un comics sur le paranormal (Black Magic) et une auto-parodie de Captain America (Fighting American). La campagne anti-comics menée par le psychiatre Fredric Wertham eut raison de Prize-Crestwood comme de nombre d'autres éditeurs des années cinquante. Jack Kirby et Joe Simon terminèrent ainsi leur collaboration d'une quinzaine d'années. Simon s'intéressa au marché de l'art tandis que Kirby allait révolutionner les comics.


Atlas devient Marvel
En 1956, Kirby créa Sky Masters, un comic strip de science-fiction encré par Wallace Wood. En 1958, il revint chez DC pour The Challengers of the Unknown, un quatuor d'aventuriers précurseurs. En 1959, il rejoignit Atlas, anciennement Timely où il rencontra un jeune scénariste et éditeur, un certain Stan Lee. Kirby se coula d'abord dans le moule de l'éditeur en réalisant des histoires de monstres et d'extraterrestres tentant vainement de conquérir la terre, comme Fin Fang Foom.

C'est en 1961 que Kirby et son nouveau compère Lee vont créér un nouveau type de super-héros : The Fantastic Four (Les Quatre Fantastiques). Ce qui les différenciaient de leurs prédécesseurs, c'est que leurs aventures se s'arrêtaient pas avec la neutralisation des super-vilains mais continuaient dans leurs vies quotidiennes avec des problèmes d'argent, d'amour, de famille et autres. Ce côté soap opera prit une grande part dans leur énorme succès et ouvrit la voie à la transformation du petit Timely en grand Marvel. Sous la houlette de Lee et aux côtés de nombreux artistes talentueux –tels Steve Ditko, John Romita Sr, John Buscema– Kirby coinventa de nombreux super-héros qui firent la gloire de Marvel : Hulk, Thor, les X-Men, Iron Man, le Surfer d'Argent et d'autres.

Pendant une dizaine d'années, Kirby contribua pleinement au développement de l'univers Marvel fait de continuité entre les différentes aventures des super-héros et d'ancrage de ces héros dans la vie contemporaine. Stan Lee, qui s'appelait lui-même The Man, surnomma Jack Kirby The King d'après l'importance de son travail. Ce titre lui resta mais en 1970, en désaccord avec la grande maison d'éditions qu'était devenu Marvel, Kirby la quitta.


Le Quatrième Monde chez DC Comics
Kirby revint, encore, chez DC avec l'ambition de créer d'un coup un univers entier, cohérent et réparti sur quatre comic books : Superman's Pal Jimmy Olsen, New Gods, Forever People & Mister Miracle. Des dieux, issus de deux mondes antagonistes et menés par Highfather et Darkseid, se livraient à des affrontements immémoriaux qui allaient maintenant se répercuter sur Terre : ainsi naquit The Fourth World (le Quatrième Monde). Dans ces comics, Kirby ne mit aucun frein à son imagination et y introduisit d'inombrables concepts : les tubes boum, les boîtes-mères, la Source, l'équation de l'Anti-Vie, l'Astro-force, les rayons alpha et omega, etc.

Malgré le grand investissement de Kirby, DC, insatisfait de leurs ventes, annula ces comics. Ce fut la dernière fois que Kirby se donna autant pour ses comics. Il continua à faire bénéficier DC de son inspiration qui était néanmoins loin d'être tarie dans des comics comme Kamandi, The Demon ou Omac. Mais durant ces années 1970, bien qu'ayant acquis la reconnaissance due à un grand des comics, Kirby n'était plus en phase avec le public.


Retour chez Marvel
En 1975, Kirby retourne pour la dernière fois chez Marvel où il reprend des personnages qu'il a créés comme Captain America, Black Panther et un graphic novel du Silver Surfer ou une série librement inspirée du film de Kubrick, 2001. Il réalise de nombreuses couvertures. Mais Kirby souhaite surtout créer ses propres séries comme Devil Dinosaur, Machine Man ou The Eternals. Cette dernière série introduisit d'ailleurs les personnages des Célestes, sorte de géants cosmiques, qui sont encore aujourd'hui une des bases de l'univers Marvel. Cette collaboration avec l'éditeur dont il avait été l'artisan du succès se termina définitivement en 1978.


Dernières années
Vivant maintenant sur la côte ouest des Etats-Unis où sont installés les principaux studios américains d'animation, Kirby se tourne pour quelques années vers le dessin animé. Durant toute sa carrière, Jack Kirby travailla principalement sur des personnages dont il n'avait pas les droits. En 1981, l'éditeur Pacific Comics lui proposa de réaliser des comics dont il serait pleinement propriétaire ; le résultat fut Silver Star, explorant le génie génétique, et Captain Victory & the Galactic Rangers, aventure de science-fiction échevelée. En 1986, un procès l'opposa à Marvel qui refusait de lui rendre ses originaux si Kirby n'apposait pas sa signature sur un contrat par lequel il reconnaissait Marvel comme seul propriétaire des droits sur les personnages qu'il avait co-créés . Un accord fut trouvé mais cet affrontement juridique fut l'occasion pour la profession des auteurs de comics de témoigner de leur solidarité et de leur reconnaissance artistique au King of Comics.

A la fin de sa vie, Jack Kirby créa de nouvelles séries pour les éditeurs Topps comics et Image. Pour le premier il créa quatre séries : Bombast, Captain Glory, Nightglider, Satan's six. À part le concept de base, les couvertures et quelques splash pages, Kirby ne s'investit pas beaucoup dans ce projet. Il en va différemment pour la série créée pour Image, Phantom force, qui comporte deux numéros. Un numéro zéro fut publié plus tard par l'éditeur West Coast Genesis avec lequel devait travailler Kirby avant que la mort ne l'emporte.

Jack Kirby fut un véritable artisan de la culture populaire américaine. Aux comics, il apporta la fougue des romans d'aventure et le dynamisme du cinéma. Mais il les enrichit aussi de codes d'expression propres comme les splash-pages (images de pleine page contrastant brutalement avec des planches découpées en cases) ou comme le krackle (crépitement visuel servant à rendre aussi bien le bouillonnement de l'eau que les décharges d'énergie) ; ces codes sont toujours utilisés. Par leur stylisation de l'action, par la puissance qu'ils insufflaient aux personnages et par l'âpreté de leurs mises en page, les comics de Jack Kirby ont marqué durablement leurs lecteurs d'alors et les auteurs d'aujourd'hui.

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